Retrouver le chemin des salariés

Mon discours du 3 avril à Aix-en-Provence, devant 1300 militants et sympathisants CFTC des Bouches-du-Rhône.

Bonsoir à toutes et à tous,
Mes amis,
Ce soir nous sommes réunis dans le cadre agréable du Pasino d’Aix-en-Provence. C’est un lieu de jeu, et qui dit « jeu » dit « hasard ». Le paradoxe pour moi, et ceux qui me connaissent le savent, c’est que je ne crois pas au hasard.J’ai une certitude : c’est qu’il n’y a pas de place à la fatalité.Et ma conviction c’est que nous devons tout mettre en œuvre pour conserver notre droit d’exister et assurer notre victoire, celle de la CFTC.
Je voudrais donc vous parler de deux rendez-vous majeurs : Les prud’homales et la représentativité
Les prud’homales.
D’abord, là dans l’instant, il me vient l’envie de vous dire que votre présence massive me va droit au cœur, c’est donc que vous sentez bien que la CFTC est à un tournant de son histoire l’enjeu est capital.Il ne faut plus se voiler la face : nous sommes la cible de plusieurs adversaires… au moins trois : le Gouvernement, la CGT, la CFDT.
Le gouvernement, car il joue sur la bipolarisation, avec une CGT contestataire et une CFDT purement opportuniste. Il pourrait ainsi manœuvrer facilement pour faire passer ses réformes…Encore plus facilement qu’en 2003 pour les retraites avec la complicité de la CFDT ! C’est quoi la manœuvre ?Dans l’esprit du gouvernement, FO irait rejoindre la CGT ; la CGC et la CFTC rejoindraient la CFDT ou disparaîtraient.
Voilà la stratégie de notre premier adversaire : le gouvernement qui soit dit en passant cette stratégie, dispose d’un allié naturel, le MEDEF. Je dis bien le MEDEF, pas les entreprises.
Quant à nos autres adversaires, la CGT et la CFDT, leur priorité c’est le financement, le Fric et le pouvoir et cela n’est pas trahir une évidence, que de dire qu’ils nous verraient bien disparaître avec un certain plaisir.Alors face à cette situation, face à ces multiples attaques comment réagir ? Quelle réponse apporter.C’est simple. Prenons l’initiative, arrêtons d’attendre notre disparition.
Il est plus que temps que notre CFTC s’affirme et prouve son importance à celles et ceux qui pourraient encore en douter et les élections prud’homales, pour nous remettre en mouvement tombent à pic.
Nous ne devons pas en avoir peur, car à chaque fois que notre organisation a été attaquée, nous avons toujours su nous battre pour exister. Il est de notre devoir d’assumer cet enjeu incontournable, de nous faire entendre, les prud’homales 2008 seront notre tribune !
Rappelez-vous en 1964, avec la scission et la création de la CFDT. Rappelez-vous, 25 Femmes et Hommes, 25 résistants, 25 Gaulois, ont alors décidé de se battre pour que vive et existe la CFTC, et ce, contre tout le monde, les institutions, le patronat, les syndicats. « Oui » mes amis : 25 Femmes et Hommes dans toute la France. Pour eux, pour notre idéal, pour nos idées pour nos convictions, nous devons nous battre ! Nous devons gagner ce combat des prud’homales.
Comment ? C’est simple, pour exister Il faut faire 15 % !
Aux dernières élections nous avons fait un petit peu moins de 10%. Il faut faire 6% de plus.La CFTC a besoin de vous, c’est vous et vous seuls qui allez permettre à notre CFTC d’atteindre ces 15% !L’avenir de la CFTC, c’est vous. A partir de ce soir vous devez avoir en tête deux choses :
La première chose, c’est la DATE ► Le 3 décembre 2008.Je vous demande, la CFTC vous demande de convaincre 4 personnes de votre entourage proche, d’aller voter.
Votre frère, votre sœur, votre oncle, votre tante, votre cousin, votre cousine, vos meilleurs amis de voter CFTC une fois, une seule fois : le 3 décembre. Pas seulement pour la CFTC mais surtout pour vous. Je vous demande cette action en plus de votre indispensable travail sur le terrain pour toucher les salariés et les convaincre de voter CFTC.Je sais que vous en êtes capables. Et nous atteindrons les 15% !Ne vous leurrez pas si nous restons en dessous des 10%, nous n’existerons plus. Nous ne pourrons plus signer valablement des accords et donc plus vous défendre et faire valoir vos droits, et vos valeurs.
Un exemple :La CFTC d’Eurocopter aujourd’hui est en dessous de 10%.Eurocopter c’est mon entreprise, c’est là que j’ai fait mes armes syndicales, C’est là aussi qu’est née ma vocation, ma prise de conscience pour le Bien Commun. Le Syndicat CFTC d’Eurocopter c’est ma fierté. Je ne peux pas imaginer de le perdre.De même dans toutes les petites entreprises, pour toutes ces femmes et ces hommes engagés, nous devons nous mobiliser un jour de décembre, le « 3 » !Parce que nous vous demandons cet effort, et justement pour le surmonter,
Nous mettrons à disposition des syndicats, des unions départementales, des soutiens financiers, car au-delà d’aller voter et de convaincre, il faudra que les 4 personnes que vous aurez convaincus, aillent voter aussi : Il faudra les prendre en charge et s’il le faut dans votre véhicule, .et vous serez indemnisés.
Certains d’entre vous vont peut-être me dire que c’est beaucoup, mais mes amis, est-ce que c’est trop demander pour faire vivre la CFTC ? Dès aujourd’hui, lorsque vous entendrez parler des élections prud’homales, pensez à mon message et dites-vous que ce fameux 3 décembre, C’est-à-dire, dans moins de 10 mois,
Si nous atteignons les 15%, vous vous serez donnés le droit de vivre, d’exister en tant que CFTC, car la CFTC c’est d’abord vous ! Ca c’est la première bataille, notre première victoire.

► La seconde chose que vous devez avoir en tête,……. c’est l’autre sujet d’actualité tout aussi important, qui va découler des prud’hommes : La représentativité.
La Représentativité des syndicats ne doit pas se résumer à une simple affaire d’audience, comme le prétendent le gouvernement, le MEDEF, la CGT, la CFDT.C’est d’abord et avant tout une question de responsabilité, de capacité à organiser le progrès social dans la réforme, à construire des accords, à faire vivre des réalisations nées de ces accords ! Elle doit dépendre aussi et surtout de la culture qui marque les actions des partenaires sociaux.
Le rapport de force est trop souvent, mal ou trop utilisé. Le rapport de construction sociale n’est pas assez employé, ou s’il l’est, à mon grand regret, ce n’est pas toujours par « la CFTC ».
OUI mes amis. C’est un acte de courage de négocier pieds à pieds et de signer des accords… !
C’est un acte de courage que de passer des heures autour d’une table de négociation et de ne pas se contenter de dire « non » à toutes les propositions par pure démagogie, comme le fait la CGT.
C’est un acte de courage que de réfléchir et d’agir pour le bien commun, tout autant pour celui des salariés que de l’entreprise ! Tous les jours nous négocions et nous construisons dans les entreprises, dans les branches au niveau national des milliers d’accords chaque année qui donnent du plus aux salariés et notamment pour les plus démunies. C’est un acte de courage de s’engager. C’est ça la CFTC et nous devons en être fiers.
« Oui » il y a besoin de changements pour réconcilier les salariés et le syndicalisme ;
« Oui » le besoin de cohésion sociale est permanent ! Dans notre société, associations et syndicats jouent un rôle essentiel de régulation et de représentation des aspirations sociales et c’est à nous tous d’expliquer et de convaincre ceux qui ne sont pas syndiqués de l’importance de ce rôle !
Le taux de syndicalisation est de l’ordre de 8% des salariés contre 40% en Europe ; 40% des membres des comités d’entreprises ne sont rattachés à aucun syndicat. Beaucoup de salariés ne se rendent pas compte de cela et n’ont pas d’images concrètes de ce que nous pouvons faire pour eux. Au-delà de ses divisions, le syndicalisme français souffre de ses difficultés à rendre service à ses membres. Mettons en avant notre utilité dans la société. On parle souvent des « droits acquis ». Mais s’ils sont acquis, c’est grâce à vous, grâce à nous, grâce à notre travail, mais nous devons aussi maintenant conquérir des droits nouveaux pour des nouveaux adhérents.
Une fois que l’on a fait ces constats, une question s’impose : Quel syndicat pour quelle société ? Et quand je dis « la société », ce ne sont pas des mécanismes, quelque chose d’abstrait qui nous dépasse, ce sont bel et bien des femmes et des hommes et nos enfants demain.Le constat actuel, c’est que depuis des années, seuls les travailleurs des grandes sociétés,….. on pu être représentés et défendus. Les syndicats ont à mes yeux trop souvent négligés les salariés des petites entreprises, les travailleurs précaires, et les retraités. Cette négligence a restreint notre champ d’action et d’influence. Aujourd’hui, nous devons nous rendre à l’évidence, ces laissés pour compte représentent environ 70% de la population. Dans ces conditions, il est donc normal que le taux de syndicalisation en France ne soit que de 8%.
Le Président de la République, Monsieur Nicolas SARKOZY, se présente comme un homme de réformes ; il aime les propositions, les initiatives et les innovations. Si le taux de syndicalisation en France atteint 40%, je peux vous assurer que les initiatives, nous les prendrons ; les propositions, les réformes, nous les ferons, nous les imposerons, mais pas forcément comme Monsieur le Président SARKOZY l’entend ! Ça c’est ma conviction !
Je me rappelle en 1994, quand je me suis engagé comme délégué syndical chez EUROCOPTER, il y avait 40 adhérents. 6 ans plus tard, la CFTC pouvait revendiquer 700 adhérents. En mai 2000, je me suis à nouveau engagé à la tête de cette fédération pour relever le challenge des adhérents. La fédération comptait alors 8 000 adhérents. Je ne suis pas peu fier de vous dire qu’aujourd’hui, en dépit des grandes difficultés que connaît mon secteur, que nous avons quasiment doublé ce nombre d’adhérents. Mais nous l’avons doublé grâce aux gens qui m’entourent et qui m’ont toujours fait confiance, ils sont tous dans cette salle, et je tiens à les remercier et à les féliciter pour leurs engagements dans ce combat vital. Vous voyez mes amis c’est possible de gagner.

Eh bien mes amis, nous avons 244 jours à compter d’aujourd’hui pour gagner la bataille des prud’homales et nous n’avons pas une seconde à perdre pour engager la bataille de la représentativité, pour gagner l’existence de la CFTC.
Maintenant je voudrais vous parler de ma vision du syndicalisme de demain.Aujourd'hui la société française est une société en mouvement, très diverse, de plus en plus complexe. Nous devons être à l'écoute de cette société-là.Nous devons être plus attentifs aux préoccupations des salariés, des consommateurs, des citoyens ; plus réactifs à l'actualité économique et sociale ; plus ouverts à l’Europe et au monde. Nous devons donc être un syndicat du mouvement, en mouvement, pour épouser cette société diverse, complexe et lui donner un équilibre. Il ne faut donc pas hésiter à fonctionner comme la société ! Une société dans laquelle l'image est un vecteur important, principalement dans les médias, dans la presse et à la télé, Je suis convaincu que la CFTC doit avoir quelques choses à dire sur tous les sujets, qu’elle doit le dire, qu’elle doit le faire savoir.Un exemple : La CFTC fait le bien mais on elle ne fait pas de bruit. La CGT, elle fait beaucoup de bruit, mais fait-elle le bien ?Nous ne pouvons, nous ne devons plus nous satisfaire ni ignorer notre quasi absence médiatique. Il serait suicidaire de continuer cette politique de l’autruche en se trouvant d’innombrable excuses qui jusqu'à aujourd’hui nous on permis d’avoir bonne conscience, Nous devons avoir accès aux médias, nous devons nous faire entendre des médias, faire de nous un interlocuteur incontournable, indispensable. Trop souvent au lendemain d’une actualité importante dans les médias, nombre de salariés, adhérents, élus nous ont demandé où était la CFTC ?
Nos adhérents veulent voir la CFTC à la télévision, dans les journaux pour pouvoir dire avec fierté à leurs amis et à leurs collègues de travail « ça c’est MON syndicat ! »Ils attendent cela depuis trop longtemps, nous porterons nos valeurs que si nous sommes entendus, et ceux qui me connaissent, savent que je ferai en sorte d’être entendu. D’ailleurs, cela a commencé ce soir car dans cette salle, vous êtes les témoins de cette société en mouvement, de cette société diverse. Nous sommes les porteurs de nos ambitions et nos valeurs.Nous tous ici présents, C’est bien le signe de la vitalité de la CFTC et sa capacité à se mobiliser. Nous sommes une force, et nous VIVRONS !
Les syndicats doivent retrouver le chemin des salariés Le syndicat, la CFTC doit également être une organisation d'adhérents et de services aux adhérents.
Je veux redonner confiance aux adhérents, aux salariés. Je suis pour un syndicat d'adhérents et de mouvement et pas seulement un syndicat d'organisations et de permanents;
Les adhérents procurent une légitimité incontestable au syndicat et une capacité à les représenter. La représentativité ce n’est pas une carte de membre d’une association. C'est une légitimité et un engagement à négocier. Je suis un militant acharné de la négociation pour l'accord. Nous devons redonner vie à la politique contractuelle ; elle fait partie du mouvement ; elle garantit notamment la paix sociale, le progrès individuel et collectif ; (si nous étions égoïstes)
Vous avez bien compris le sens du premier enjeu qui est de retrouver le chemin des salariés pour être un syndicat d’adhérents. La politique contractuelle doit garantir l'évolution du pouvoir d'achat et une vie décente pour tous les salariés.J’insiste, la négociation doit se faire en priorité au niveau des branches professionnelles ; car…… les évolutions sont très différentes d'une branche d'activité à l'autre. La branche c’est l’élément majeur de la régulation, elle garantit les minima. La branche est donc un socle fondamentalement utile en particulier pour les salariés des petites entreprises. Nous devons être plus proches des salariés et des citoyens, nous devons être un syndicat de solidarité organisé et participatif autour de nos valeurs. Mais nous devons aussi savoir nous mobiliser lorsque toutes les voies de la négociation sont bloquées.
Nous devons être aussi un syndicat de services.Aujourd’hui, je ne peux plus accepter que mon meilleur ami, mon voisin, mon cousin (…) ne puissent pas envoyer leurs enfants en colonie de vacances l’été, qu’ils mangent le midi dans une gamelle, alors que moi, salarié, d’une grande entreprise, j’ai la possibilité d’envoyer mes enfants en colonie pour une somme modique, manger un repas équilibré pour pas cher dans mon restaurant d’entreprise et bénéficier de tous les avantages de mon comité d’entreprise…et eux, salariés de TPE, non !Ce sont ça les services que peut rendre la CFTC ! Offrir à tous les salariés, par leur adhésion les avantages d’un comité d’entreprise, bénéficier d’une mutuelle, d’une assurance, voire même de la prise en charge de la dépendance !
Au-delà de ce que pourra être l’accord sur la représentativité et des enjeux qui en découleront pour notre CFTC, la seule chose essentielle est que soit mise en place le chèque syndical afin que chaque salarié puisse choisir le syndicat de leur choix. Et je suis sûre qu’avec les services que nous, CFTC, apporterons à tous les salariés, ceux-ci tout naturellement se tournerons vers notre organisation.

Il y a 25 ans, je me suis engagé pour lutter contre les injustices. Fort de ma conviction et de mon expérience, je veux m’investir avec vous dans ces combats contre l’injustice. Avec vous, pour vous et pour le bien commun du mouvement.
Après avoir mûrement réfléchi ; après avoir pesé les enjeux ; après avoir multiplié les contacts dans le mouvement. D’ailleurs permettez-moi de remercier les Fédérations, les Unions Régionales, les Unions Départementales et les syndicats qui partagent ce projet.

Pour porter ce projet avec vous ; Pour retrouver le chemin des salariés ; Pour réduire les injustices ; Pour faire vivre et gagner la CFTC , j’annonce que je suis candidat à la présidence de la Confédération lors du prochain congrès « Vive la CFTC » !