
Alors que la réforme de la représentativité menace sa survie, le syndicat chrétien aborde très divisé son congrès d’octobre
Ce matin-là, le « 13 », le siège de la CFTC, sis au 13, rue des Écluses-Saint-Martin dans le 10e arrondissement de Paris, est à l’image du syndicat chrétien : en travaux. Au propre, parce que les locaux de la confédération, qu’elle aimerait vendre pour déménager à Pantin, en périphérie de la capitale, ne souffriront pas d’un coup de peinture. Au figuré, parce que, jamais depuis 1964, date où la grande majorité des adhérents de la CFTC l’avaient quittée pour former la CFDT « déconfessionnalisée », la centrale n’avait dû affronter de tels défis. L’année 2008 s’annonce en effet comme celle de tous les dangers.Résumé des épisodes précédents. Depuis 1966, la CFTC était « représentative » de droit, ce qui lui permettait de se présenter au premier tour dans toutes les entreprises, de négocier des accords, de siéger à la Sécurité sociale, de recevoir des subventions… Mais, en avril, les règles ont changé. Seuls les syndicats qui totaliseront dès 2009 au moins 10 % des suffrages aux élections dans les entreprises, et 8 % dans les branches et au niveau interprofessionnel à partir de 2013, conserveront ces prérogatives.Pour la CFTC, c’est loin d’être gagné. Avec 144 000 adhérents, soit 22 000 de plus en trois ans, le syndicat est, certes, en pleine progression. Mais la pente risque tout de même d’être trop raide pour la centrale, qui pesait moins de 7 % aux élections professionnelles en 2004-2005. Un premier test grandeur nature de cette capacité à progresser aura lieu le 3 décembre avec les élections prud’homales : après avoir fait 9,7 % en 2002, la centrale se fixe un seuil idéal : 15 %.
Ce matin-là, le « 13 », le siège de la CFTC, sis au 13, rue des Écluses-Saint-Martin dans le 10e arrondissement de Paris, est à l’image du syndicat chrétien : en travaux. Au propre, parce que les locaux de la confédération, qu’elle aimerait vendre pour déménager à Pantin, en périphérie de la capitale, ne souffriront pas d’un coup de peinture. Au figuré, parce que, jamais depuis 1964, date où la grande majorité des adhérents de la CFTC l’avaient quittée pour former la CFDT « déconfessionnalisée », la centrale n’avait dû affronter de tels défis. L’année 2008 s’annonce en effet comme celle de tous les dangers.Résumé des épisodes précédents. Depuis 1966, la CFTC était « représentative » de droit, ce qui lui permettait de se présenter au premier tour dans toutes les entreprises, de négocier des accords, de siéger à la Sécurité sociale, de recevoir des subventions… Mais, en avril, les règles ont changé. Seuls les syndicats qui totaliseront dès 2009 au moins 10 % des suffrages aux élections dans les entreprises, et 8 % dans les branches et au niveau interprofessionnel à partir de 2013, conserveront ces prérogatives.Pour la CFTC, c’est loin d’être gagné. Avec 144 000 adhérents, soit 22 000 de plus en trois ans, le syndicat est, certes, en pleine progression. Mais la pente risque tout de même d’être trop raide pour la centrale, qui pesait moins de 7 % aux élections professionnelles en 2004-2005. Un premier test grandeur nature de cette capacité à progresser aura lieu le 3 décembre avec les élections prud’homales : après avoir fait 9,7 % en 2002, la centrale se fixe un seuil idéal : 15 %.
Jacques Voisin affrontera Joseph Crespo
Mais c’est divisée que la CFTC mènera campagne. Car, fin octobre, au congrès de Strasbourg, le président Jacques Voisin, élu depuis 2002, affrontera un rival, Joseph Crespo, le patron des métallos, la deuxième fédération de la CFTC. Or, depuis que « Jo » Crespo a officialisé sa candidature, le 3 avril, c’est « le tir aux pigeons », ironise un dirigeant. Alors que la liste des 47 candidats (pour 22 postes) autorisés à se présenter vient d’être publiée, chaque camp estime avoir « au moins la moitié avec nous ». La métallurgie, les transports, le bâtiment, la santé, les territoriaux seraient du côté Crespo. Pas sûr, estime l’équipe Voisin, qui revendique les services (la plus grosse fédération), l’enseignement, la banque, les fonctionnaires et ne désespère ni des cheminots ni de la santé.Ce n’est pourtant pas l’actuel président qui divise. « Honnêteté intellectuelle », « vrai rôle dans la modernisation de la CFTC », « pas acharné au pouvoir »… on entend peu de reproches sur Jacques Voisin, 58 ans. Si ce n’est que l’homme du Nord serait « fatigué », et qu’on doutait l’an dernier de son désir de briguer ce troisième mandat, sans compter qu’on le dit « malheureux dans les conflits ». Bref, on s’interroge sur qui va l’épauler.Au premier étage du « 13 », Philippe Louis répond aux questions avec un petit sourire sous sa moustache. Car c’est cet Alsacien discret que Jacques Voisin s’est choisi comme prochain « secrétaire général », un poste tremplin pour accéder à la présidence dans trois ans. Mais « pour moi, ce choix est un mystère doublé d’une énigme », ironise un élu confédéral. Car, jusqu’à peu, c’était Gabrielle Simon qui devait faire « ticket » avec Jacques Voisin. À 54 ans, ce petit bout de femme blonde aurait, elle, mis tout le monde d’accord, à entendre les opposants. Mais, justement, « Gabrielle est indispensable là où elle est : dans les négociations des sujets difficiles », explique Jacques Voisin.Reste que Philippe Louis, trésorier de la confédération, sait qu’il ne s’est « pas fait que des copains ». Surtout récemment. On lui reproche notamment sa position dans les négociations sur la représentativité. Après avoir obtenu, à l’arraché, le seuil interprofessionnel de 8 %, au lieu de 10 %, il aurait été tenté de signer un accord que le conseil confédéral a, lui, rejeté vigoureusement. Aujourd’hui, Philippe Louis pense toujours que ce seuil permettra de « sauver notre peau au moins jusqu’en 2013 ».
"Manque de collégialité"
Car il a fait ses comptes. Si dans les établissements publics (SNCF, EDF…), lieux de pouvoir syndical, la CFTC a du souci à se faire, dans les entreprises de moins de 300 salariés, où le seuil de 10 % ne représente que quelques voix, ce serait « gagnable ». Quant à l’interprofessionnel, où il faut dépasser 8 % seulement dans quatre secteurs (industrie, construction, commerce, services), « on devrait encore être là dans les négos ». Il n’empêche. Dans les sections syndicales qui n’atteindront pas le seuil de 10 %, ce qui pourrait concerner 10 à 15 % d’entre elles, il y aura de la casse.L’inquiétude a sans doute alimenté le front « tout sauf Philippe Louis ». Jean-Philippe Catanzaro, le chef de la fédération des transports, la troisième de l’organisation, en est. Entre le trésorier Louis et le trésorier adjoint Catanzaro, il y a au moins 70.000 € de divergence, soit la différence entre ce que le premier réclame à la CFTC transports et ce que le second estime devoir vraiment. Mais pas seulement : Jean-Philippe Catanzaro affirme également « ne plus avoir accès à Inaric (NDLR : le logiciel informatique où les syndicats peuvent se connecter pour s’inscrire aux élections) depuis que j’ai déclaré mon soutien à Jo Crespo ».Comme lui, d’autres reprochent à Philippe Louis d’être pour quelque chose dans « le manque de collégialité » au sujet de la prise de décision. Notamment, beaucoup de délégués ont découvert dans la presse les intentions de rapprochement de la CFTC avec la CGC, qui est en cours de fusion avec l’Unsa, syndicat honni de nombre de militants CFTC. Et à la CGC, on explique sans fard qu’après le congrès tout reste possible avec l’équipe actuelle. Mais ce n’est pas la position officielle de la CFTC : « Ni avant le congrès, ni après, il n’est question de fusion confédérale, assure Philippe Louis. En revanche, on peut opérer des rapprochements circonstanciels, avec la CGC ou FO. » Pétition commune avec FO contre la réforme des 35 heures, association de consommateurs partagée avec la CGC, listes communes aux trois syndicats dans certaines entreprises, les possibilités d’alliances sont nombreuses.
« Rabibocher Voisin et Crespo dans un bistrot »
Voilà un point sur lequel « Jo » Crespo, hostile à toute fusion mais habitué des accords signés avec FO et la CGC, n’est pas en opposition. Tout comme il revendique, de la même façon que Jacques Voisin, les « valeurs » CFTC : un syndicalisme de construction sociale, réformiste, qui considère que les conditions matérielles ne font pas tout dans la vie d’un salarié, d’où un intérêt aigu pour la famille. « Vrai chef », qui a su doubler le nombre d’adhérents chez les métallos, rappellent ses amis, « opportuniste » qui, arrivé en fin de mandat dans une fédération proche des patrons de l’UIMM, se cherche un avenir syndical, selon ses détracteurs, ce méridional de 58 ans (54 ans en réalité) est un homme à poigne. Lui explique avoir « été extrêmement fidèle à Jacques Voisin pendant huit ans mais, là, si on ne fait rien, c’est la mort de la CFTC dans cinq ans. Or l’équipe actuelle n’a pas de programme. Moi si. » Son objectif : « Doubler le nombre d’adhérents en trois ans. » Et pour cela, il veut « arrêter de courir les ministères, où on ne pèse pas, et réinvestir le terrain ». Et aussi « transformer la CFTC en syndicat de services » en offrant aux adhérents, notamment ceux qui ne disposent pas de comité d’entreprise, chèques restaurant, transports, couverture mutuelle…La « conf », qui fait du renforcement de l’aide aux délégués syndicaux des entreprises une priorité du prochain mandat, ne voit pas la différence avec son projet. Caisses d’entraide en cas de grèves, secours décès, accès à un avocat de la Macif en cas de licenciement, service juridique… « un certain nombre de services existent déjà », explique Jacky Dintinger, l’actuel secrétaire général, qui ne se représente pas à ce poste.Alors vraie différence d’orientation stratégique ou banales querelles de personnes ? En interne, plusieurs élus indécis s’inquiètent en tout cas de cette guerre fratricide à l’approche des prud’homales. Et se prennent à rêver de « rabibocher Voisin et Crespo dans un bistrot ». Apparemment, ce ne sera pas facile.
« Rabibocher Voisin et Crespo dans un bistrot »
Voilà un point sur lequel « Jo » Crespo, hostile à toute fusion mais habitué des accords signés avec FO et la CGC, n’est pas en opposition. Tout comme il revendique, de la même façon que Jacques Voisin, les « valeurs » CFTC : un syndicalisme de construction sociale, réformiste, qui considère que les conditions matérielles ne font pas tout dans la vie d’un salarié, d’où un intérêt aigu pour la famille. « Vrai chef », qui a su doubler le nombre d’adhérents chez les métallos, rappellent ses amis, « opportuniste » qui, arrivé en fin de mandat dans une fédération proche des patrons de l’UIMM, se cherche un avenir syndical, selon ses détracteurs, ce méridional de 58 ans (54 ans en réalité) est un homme à poigne. Lui explique avoir « été extrêmement fidèle à Jacques Voisin pendant huit ans mais, là, si on ne fait rien, c’est la mort de la CFTC dans cinq ans. Or l’équipe actuelle n’a pas de programme. Moi si. » Son objectif : « Doubler le nombre d’adhérents en trois ans. » Et pour cela, il veut « arrêter de courir les ministères, où on ne pèse pas, et réinvestir le terrain ». Et aussi « transformer la CFTC en syndicat de services » en offrant aux adhérents, notamment ceux qui ne disposent pas de comité d’entreprise, chèques restaurant, transports, couverture mutuelle…La « conf », qui fait du renforcement de l’aide aux délégués syndicaux des entreprises une priorité du prochain mandat, ne voit pas la différence avec son projet. Caisses d’entraide en cas de grèves, secours décès, accès à un avocat de la Macif en cas de licenciement, service juridique… « un certain nombre de services existent déjà », explique Jacky Dintinger, l’actuel secrétaire général, qui ne se représente pas à ce poste.Alors vraie différence d’orientation stratégique ou banales querelles de personnes ? En interne, plusieurs élus indécis s’inquiètent en tout cas de cette guerre fratricide à l’approche des prud’homales. Et se prennent à rêver de « rabibocher Voisin et Crespo dans un bistrot ». Apparemment, ce ne sera pas facile.
14 commentaires:
un article plutôt honnête,non?
Sauf qu'il y erreur sur les structures qui soutiennent les candidats.
je crois que la protection sociale te soutien et je ne crois pas que de leur cotè ils aient tous les soutiens qu'ils affirment.
C'est trop marrant de voir la menière sont ils reprennent tes idées pour dire qu'il n'y a pas de différence sur les projets.
A force de tourner leurs vestes ils vont finir par les trouer.
l'affichage des soutiens, ce n'est qu'un jeu de poker menteur.
Je serais curieux de savoir dans quel bistrot Joseph et Jacques vont se retrouver.
Joseph prendra un pastis et Jacques une bière?
Cela serait la meilleure des solutions si les deux pouvaient s'entendre.
La Conf n'a rien compris à la proposition sur les services. le but n'est pas d'offrir aux adhérents la même chose que dans les organisations syndicales, mais de leur offrir plus et de réduire les inégalités entre les salariés des TPE/PME avec les salariés des grands groupes.
La journaliste a bien pointé le gros problème : Philippe Louis.
Je ne comprend pas comment Jacques peut le vouloir comme secrétaire général.
Il n'a eu de responsabilités dans un syndicat, il n'a jamais négocié en entreprise...il ne connait pas le monde de l'entreprise, ni même la négociation. Il suffit de se souvenir de la manière dont il échoué lamentablement dans la négociation sur la représentativité, qu'il voulait signer (alors qu'il restait normalement encore une journée de négociation).
Jacques, si tu lis ce blog, ouvre les yeux, écoute le mouvement!
Joseph tu es un menteur.
La Conf a bien un projet!
celui de faire contruire une nouvelle confédération à Pantin!
il manque juste à trouver les sous pour le faire (tu crois que l'UIMM pourrait les aider?).
Vendons le "13", dernier vestige de 64 et balayons l'histoire de notre mouvement.
Construisons une nouvelle confédération sans même savoir si nous pourrons la payer (le financement des syndicats ne sera t il pas lié à la question de la représentativité).
Mais cela est sans intérêt puisque Jacques à déjà dit que 3 organisations vont disparaitre (surement la CFDT, la CGT et FO).
Je crois que les dirigeants actuels de la Confédération ont accumulé ces derniers temps pas mal d'erreurs de jugement : avoir tout misé sur les élections prud'homales, avoir failli signé la "position commune" sur la représentativité, continuer à ne rien faire de visible pour soutenir les syndicalistes CFTC de terrain et faire du développement CFTC en entreprise...
Il ne faut quand même pas minimiser le rôle (négatif) de Jacques Voisin qui en a laissé paraître de bien bonnes dans la Lettre Confédérale sur la "position commune" ! , qui a tenté un rapprochement avec la CFE-CGC (représentants souvent copains avec les Directions quand même)...
Alors franchement je ne vois pas ce qu'un rapprochement entre Jacques Voisin et Joseph Crespo pourrait nous apporter, que Philippe Louis soit mis "hors course" ou pas...
Alors les enfants !!
S'il n'y a pas d'accord entre l'oncle Jo et tonton Jacques c'est la fin...
En 2013 il n'y aura plus de CFTC
Soyez réalistes, ouvrez les yeux
!
Salut Joseph,
L'info est tombée que la fédération de la santé a décidé de se positionner contre toi et pour jacques et un courrier circule à se sujet.
cette décision n'engage pas les syndicats santé CFTC et sagez pourra toujours gesticuler dans tous les sens cela ne changera pas la décision que nous avons prise de soutenir ton projet et ta liste.
Continue comme tu le fais depuis le début.
SySa13
un grand merci pour ton engagement.
Comme Sysa13, mon syndicat s'est prononcé en faveur de candidature et dieu sait qu'on a pas mal de pression.
nous allons voter pour toi car tu est le seul à avoir présenté un axe de projet, que tes positions sur l'actualité récente ont été de bon ton (sinon pourquoi la confédération les as t-elles reprises à son compte à chaque fois?), et enfin, nous n'acceptons pas que Philippe Louis puisse être le futur secrétaire général et après le président de la confédération.
La sante soutient Voisin...tous ses syndicats sont sur la meme ligne....de toute facon ceux qui ne suivrait pas la ligne federale devrait en tirer toutes les consequences
Comme le dit l'article : le CFTC est en travaux le problème c'est que les travaux n'ont jamais céssé! Comment en est on arrivé là? Il y en a qui, dans la direction actuelle, seraient bien inspirés d'en tirer des conclusions et des responsabilités! Ceux là qui étaient et sont encore aux commandes! qu'ont-ils fait? Que n'ont ils pas fait? Oui un Congrès c'est une election! oui une election c'est, pour ceux qui sont au pouvoir, le moment de les juger sur leur bilan! Et le bilan aujourd'hui c'est que la CFTC n'est pas assez forte et que le gouvernement la menace ! Le bilan c'est qu'on ne trouve personne pour soutenir la CFTC! Ou sont les réseaux de la CFTC? Un vote c'est une sanction sur un bilan face a un projet! Peut être est il temps que l'alternance voit le jour à la CFTC afin de lui donner toutes ses chances et de nous donner à nous un espoir!
L’article du journal me paraît assez équilibré mais ce qui m’étonne c’est que personne n’ose aborder le bilan de l’équipe en place. J’avais entendu que la confédération devait utiliser son droit d’opposition à la position commune ? Elle ne l’a pas fait car sinon le gouvernement n’aurait pas pu déposer son projet de loi ! En fait on fait quoi ? On se contente nous aussi de faire de la gesticulation ?
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