jeudi 26 juin 2008

Quand la spéculation devient déraisonnable il faut l’encadrer !


L’envolée des cours du pétrole, des céréales et du lait ont pour point commun la spéculation sur le marché des matières premières.

Jusqu’alors, les spéculateurs sévissaient sur le cours des monnaies (on se souvient du milliardaire Soros qui faisait trembler les Etats et leurs monnaies) mais avec l’arrivée de l’euro le jeu devenait moins attractif et il fallait mobiliser des sommes pharaoniques.

Les spéculateurs se sont alors tournés vers les actions de sociétés et les fameux fonds de pensions ont proliféré et ont fait trembler plus d’une grande multinationale (quant ils ne les ont pas mises à genoux pour les revendre en ayant pris soin de les dépecer avant et ainsi de mettre les salariés à la rue). Puis les fonds de pensions et autres spéculateurs se sont rendus compte que les profits tirés de l’actionnariat n’étaient pas aussi juteux et qu’il comportait un risque énorme. Devenir l’actionnaire majoritaire est chose facile lorsqu’on a l’argent mais diriger une grande entreprise et décider d’une stratégie à moyen et long terme suppose des compétences et surtout d’accepter de patienter avant retour sur investissement.

Depuis peu nos spéculateurs se sont rendus qu’il y avait un marché qui restait sous-exploité. Celui des matières premières ! Sur ce marché on gagne à tout coup et on gagne gros ! Les peuples eux perdent gros et la perspective d’une crise économique majeure en est aussi le prix. Spéculer sur le cours des matières premières s’avère lucratif et peu risqué car on peut miser sur plusieurs produits afin de minimiser les risques. C’est aussi un jeu qui peut se jouer sur le très court terme tout en offrant des gains considérables. La mise de fonds nécessaire n’a pas besoin d’être colossale et l’immobilisation de ceux-ci peut être brève.

Spéculer sur des matières premières en sachant que la demande mondiale augmente du fait de l’entrée de pays émergeants comme la Chine, l’Inde et le Brésil c’est gagner à tout coup !

Nous assistons donc aujourd’hui à l’arrivée d’une nouvelle race de spéculateurs voraces ! Voraces ils le sont car peu leur importent les effets de cette spéculation. Peu leur importe les conséquences sur les populations. Ils sont là pour faire du buisines et rien d’autre ! Mais ces spéculateurs ont pignon sur rue. Ce sont les spéculateurs d’antan (fonds de pensions, gros investisseurs privés comme les établissements bancaires …). A ceux-là sont venus s’ajouter ce que l’on appelle les fonds souverains qui ne sont autres que les fonds publics de certains Etats comme la Russie ou la Chine qui préfèrent investir sur des marchés boursiers plutôt que d’investir dans l’amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens !

La question qui se pose alors est de savoir dans un premier temps si l’on doit intervenir ou laisser faire le marché. Les partisans du laisser faire (qui se comptent dans les rangs de ces spéculateurs peu scrupuleux) vont nous dire que nous assistons à la naissance d’un cycle économique. Autrement dit il va y avoir des générations de sacrifier mais la liberté économique en vaut bien ce prix. A cela notre réponse doit être ferme. Ce sont les individus qui doivent constituer notre priorité et non pas le marché. On ne peut confondre la fin et les moyens ! On ne peut faire fi des dégâts sociaux et humains que cette situation provoque et provoquera encore ! La spéculation ici fausse radicalement le marché et il faut corriger cette erreur !

Une autre question vient alors à nous. Qui doit intervenir ? Pour nous la réponse est simple. Ce sont les Etats et donc les gouvernants qui doivent intervenir car ils ont en charge l’intérêt général et plus particulièrement celui de leurs populations (au moins pour les Etats démocratiques). De ce point de vue l’Union européenne aurait aussi son rôle à jouer or le Président de la Commission européenne s’est précipité un peu vite, par exemple, en prétendant qu’il ne fallait pas donner un mauvais signal en abaissant la TVA sur l’essence (position d’ailleurs reprise par notre Premier ministre !). La réponse est un peu rapide car nous nous trouvons face à une crise bien plus grave qu’en 1979 et l’on aurait été plus inspiré de tenir compte des erreurs qui à l’époque avaient été commises. La seconde erreur c’est de se draper derrière la notion de développement durable et de l’environnement. Œuvrer pour les générations futures ne pourra se faire que si les générations actuelles l’acceptent et le comprennent or il est fort à parier que maintenant nous venons de créer les condition d’un rejet du concept même de développement durable ! Par ailleurs croit-on que les consommateurs que nous sommes ne voudraient pas polluer moins ? Mais que leur proposent-on comme produits ? Rien ! C’est le tout pollueur ou rien ! C’est dans ce domaine que la RetD devrait investir massivement ! Offrir aux consommateurs des véhicules « propres », des matériaux et des conditionnements « propres » voilà qui permettrait de relancer la recherche et notamment la recherche appliquée. Or apporter des réponses simplistes et culpabilisantes sans alternative c’est risquer l’incompréhension et la non adhésion !

Une fois que l’on a mis en relief que se sont les pouvoirs publics qui doivent intervenir, la question qui se pose c’est comment ? A notre sens il n’y a ici qu’une alternative. L’encadrement et la transparence des prix. Les prix aux consommateurs doivent s’apprécier en fonction de coûts de production et non en fonction de cours boursiers. En 1945 avait été instauré en France le contrôle des prix, il ne s’agit pas de revenir à ce système (encore qu’en l’occurrence cela nous démontre que le principe avait ses vertus) mais de contrôler et d’encadrer les marges des grands groupes qui en situation de quasi monopole ou en situation d’oligopole faussent le marché car eux-mêmes spéculent sur les marchés des matières premières.

Encadrer la mondialisation est une revendication historique de la CFTC et malheureusement elle devient d’une urgence criante ! Mais qui aura le courage de dénoncer les gros pour protéger les faibles ? Qui aura la capacité et l’envie de dessiner un monde plus juste et plus humain ? Ne serait-ce pas là un chantier que pourrait ouvrir la Présidence française de l’Union européenne ? Il y a là une opportunité… sera-t-elle saisie ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Joseph,
on arrive pas à inscrire notre syndicat pour le congrès sur inaric, que peut on faire? on arrive pas à joindre la conf et la date approche.
est ce qu'on peut faire une inscription papier?
merci de m'éclairer si tu sais
a+

Anonyme a dit…

ça se lit comme on boit du petit lait.
super style et ça change du langage sans fonds ni forme.
Continue comme ça

Anonyme a dit…

on t'attend sur le terrain pour discuter et échanger avec toi.

Anonyme a dit…

il est vrai qu'on a assisté à une transformation la politique des entreprises liées à la transformation du capitalisme mondial.
je me rappel que 20 ans en arrière il y avait une plus juste répartition des richesses entre les patrons et les salariés. la régle des tiers de Sarko vient déjà de cette époque. l'entreprise, les patrons et les actionnaires jouaient alors un rôle dans le société et eouvrait pour le bien commun.
Puis on assisté à une profonde mutation du modéle capitalistique, non pas le fruit de la mondialisation, mais que celle ci à largement contribué à propager et à exarcerber.
le retour du investissement, la margie opérationnelle, les bénéfices des entreprises sont devenus pour les actionnaires le principal mot d'ordre et le nouveau but du capitalisme.
Pourquoi? entre autre, parce que bon nombre de fonds ont été créés comme les fonds d'investissement, Private equity, Hedge funds ou autre, dont le principal but et de dégager rapidement des dividendes importantes (avec des taux de rendement incroyable) pour les investisseurs du fonds. ces fonds sont devenues actionnaires de beaucoup d'entreprises. afin d'augmenter la rentabilité des acquisitions, elle procédent à des restructurations rapides, avec licenciements, recentrage sur le coeur de métier en se séparant d'activités annexes, afin de revendre très rapidement, à un très bon prix, des entreprises qui sont alors devenues "profitables" (c'est à dire avec un rendement important).
La politique des fonds d'investissements à eu des conséquences sur la politique même des autres entreprises qui ne sont pas détenues par des fonds mais plus par un actionnariat que l'on appelera classique. en effet, pour que les actionnaires et leurs capitaux restent et ne se tournent pas vers les fonds d'investissements, les entreprises doivent attribuer aux actionnaires des taux de rentabilité équivalents à ceux des fonds....donc restructurations, licenciements, recentrage sur le coeur de métier....et financiarisations des entreprises et du monde économique!!!!

L'OMC et ses régles n'ont pas aidé

Le problème c'est que ces fonds ne sont régis par aucune régle internationale!

Les entreprises françaises sont elles plus touchées que les autres? oui, car, contrairement à beaucoup de nos voisins, le capital des entreprises du CAC40 est celui qui est le plus ouvert aux capitaux étrangers et nous n'avons aucun mécanisme ou fonds étatique qui permettrait de maintenir un actionnariat majoritairement français dans nos propres entreprises.
En Allemagne, par exemple, il existe une forme de nationalisme capitalistique afin que leurs entreprises soient majoritairement détenues par des actionnaires allemands : regardez chez Volkswagen!