lundi 2 juin 2008

Amélioration du pouvoir d’achat : vers une politique gadget !


Aujourd’hui il est de bon ton de fustiger les 35h, leur coût, leur modération salariale…
L’actualité est à la fois cynique et cruelle. En effet lorsque l’on sait, maintenant, que c’est sur ses fonds secrets que l’UIMM a financé une vaste campagne pour la remise en cause des 35h, le consensus actuel autour de la critique du temps de travail à de quoi nous rendre plus circonspects.

En 3 années la France a ainsi créé 2.000.000 d’emploi (un chiffre qui n’avait jamais été atteint jusqu’alors). La réorganisation du travail qui a été le corollaire de la réduction du temps de travail a permis de hisser la France au tout premier rang européen (avec les allemands) de la productivité des salariés. Les entreprises ont bénéficié depuis la Loi Robien d’exonérations de charges conséquentes. Les salariés ont aussi accepté une modération salariale afin que les entreprises aient le temps de digérer cette réduction du temps de travail.

On notera que le 3 mai dernier, sur France 5, le dirigeant de la CFDT annonçait que la position commune contenait un article autorisant dans chaque entreprise à renégocier le temps de travail (cf. propos sur la position commune sur mon Blog)! Et il s’en félicitait !

Pour ma part, la renégociation du temps de travail ne peut se satisfaire d’un article adopté en catimini et se contenter de renvoyer purement et simplement à des négociations au cas par cas dans les entreprises. Les salariés ont donné des contre parties pour bénéficier de la réduction du temps de travail (modération salariale, réorganisation/productivité). Les entreprises ont perçu les exonérations de charges. Et maintenant que les exonérations liées aux 35h ont disparu certains voudraient nous faire croire qu’il suffit de tout effacer et de revenir à la case départ !

Il est absolument nécessaire que les salariés ne soient pas les dindons de l’affaire car que vont-ils en retirer ? Travailler plus pour gagner plus ? Sur ce point nous avons des exemples ou les entreprises (comme hier en Allemagne) commencent à dire à leurs salariés de mettre fin aux 35h afin de sauver leur emploi ; c'est-à-dire de travailler plus pour gagner autant !

Toute renégociation sur le temps de travail doit se concevoir dans un cadre strict qui est la fin de la modération salariale dès lors que sa justification ne tient plus. De la même manière, puisque l’on ne peut demander à ceux qui veulent mettre fin à la réduction du temps de travail de rembourser les exonérations de charges dont ils ont bénéficié pour la mise en place, il est impératif désormais de conditionner toute mesure d’allégement ou d’exonération de charges au nombre de créations et/ou de suppression d’emplois, aux résultats des négociations salariales, par exemple. On pourrait aussi cibler ces exonérations ou les concentrer d’avantage encore sur les TPE qui elles sont créatrices d’emplois.

L’on sait qu’aujourd’hui le montant des exonérations de charges est de 24 milliards d’euros ! Il ne s’agit plus du coût des 35h mais d’allégement offerts sans contre partie aucune ou si peu !

Aujourd’hui les pouvoirs publics nous annoncent une loi qui à coup va améliorer le pouvoir d’achat. Mais que nous propose-t-on ? de facilité les démarches administratives afin que les français « soient leur propre patron » (cf. Mme la Ministre de l’économie) de renforcer la concurrence entre les hypermarchés en multipliant leur nombre.

Sont-ce là des mesures qui vont améliorer notre ordinaire ? Interroger les créateurs de micro-entreprises ! Comment vivent-ils leur situation ? C’est simple, en fin d’année ils sont nombreux à ne même pas gagner l’équivalent du SMIC ! En fait la proposition nous vient directement des USA ou nombreux sont les personnes qui pour survivre vont créer leur activité et être même sous contrat de prestation de services avec une entreprise. C’est de l’hyper flexibilité dans la mesure ou l’entreprise va pouvoir mettre fin au contrat à tout moment, qu’elle exigera de faibles tarifs et qu’enfin elle n’a pas à assurer une couverture sociale ! On revient donc aux « tâcherons » qui autrefois étaient ceux qui travaillaient à la tâche ! Zola en a beaucoup écrit sur le sujet, il a magnifiquement décrit leurs conditions de vie (de survie devrai-je dire) mais c’est le passé et ce ne peut être l’avenir !

Quant aux Hypermarchés parlons-en ! Que nous disent nos agriculteurs ? On leur achète leurs produits aux prix les plus bas et les consommateurs ne bénéficient pas de ces prix bas. En fait la raison en est assez simple. Pour tous nos hypermarchés il n’existe que 4 centrales d’achat qui disposent d’une situation de force pour acheter au plus bas auprès des marques et de la filière agricole. Ces centrales vont ensuite redistribuer les produits auprès des hypermarchés sur tout le territoire. Ces 4 centrales sont donc en situation de quasi monopole et dictent non seulement les prix d’achat et les prix de vente aux consommateurs ! Il serait intéressant de connaître leurs bénéfices sur les 3 années passées et le premier semestre 2008 !

S’il y a donc une réforme à faire ça n’est pas en multipliant le nombre d’hypermarchés ; cela est d’autant plus illusoire que les grands groupes français représentent plusieurs enseignes ! A quoi cela servira les consommateurs si à côté d’un Auchan vous implantez un Champion ? Les deux appartiennent au même groupe ! Il faut au contraire et en vertu du principe de la concurrence libre et non faussée interdire à un groupe d’hypermarchés de détenir une centrale d’achat ! Il devient nécessaire de séparer les deux activités qui aujourd’hui sont incompatibles avec les règles de concurrence !

Il est tout de même étonnant que la concurrence ne soit invoquée qu’au détriment des salariés ! Il devient nécessaire que la concurrence soit destinée enfin à ceux qu’elle était pourtant censée satisfaire : les consommateurs !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il vient de paraître un dossier dans le magasine Capital sur la flambée des prix.
Près de 200% d'écart avec l'Allemagne sur certains prix
- Des augmentations de certains prix qui n'ont aucun lien avec les augmentations des cours des matières premières (Pain, essence, poulet,...)
- les positions dominantes des chaines d'Hyper dans chaque région (ex. Carrefour pour la région parisienne) qui permettent à ces chaines de se partager le territoire et d'imposer leurs prix.
- les ententes des opérateurs de téléphonie mobile (on reste l'un des pays les plus chers en matière de communications téléphoniques).
- les augmentations sur certains prix depuis 2002 sont éffarentes... l'euro y serait il pour quelque chose?
ex : fioul +120%, Loyers +22%, assurances +21%, SNCF +18%, bœuf +23%, maisons de retraite +25%,....

qu'est ce que j'aimerai que mon salaire ait augmenté dans une telle proportion.